The theory of the never-coming prophecy

Ah, vendredi 13... le jour aurait été presque parfait, si la prophétie s'était réalisée.
Comprenez que je suis une impie consciente de sa bêtise, comprenez que vous êtes tous comme moi, que nous passons notre temps à renier Dieu en l'admirant et en le craignant, pourtant.
Ah, comme elle fut angoissante l'attente, oppressante que dis-je, du démiurge, depuis qu'un prophète impie lui aussi nous avait annoncé sa venue quelques 10 jours auparavant (n'allez pas croire que c'est un faux prophète) ! Dieu, le porteur de Lumière, le seul capable de nous tirer de l'obscurantisme du monde, en nous montrant la voie à suivre, en nous apprenant à nous détacher des choses matérielles, et donc hautement basses, du monde terrestre. Je l'ai renié, voire blasphémé peut-être, mais je pense que s'il s'était manifesté dans toute sa gloire éthérée, face à moi, je l'aurais crains, je lui aurais demandé pardon et aurais alors écouté sa parole pour ensuite la respecter à la lettre (ou plutôt aux lettres alpha et oméga), m'évitant l'abrutissement total et sa colère implacable, pire que tout ce que l'on peut imaginer.
Oui, j'ai été Bête d'avoir autant blasphémé Dieu tout en sachant qu'il est le créateur, l'organisateur du cosmos, et l'annihilateur de ceux qui ne veulent point l'écouter ; l'oeil du monde, la foudre du châtiment... mais, hélas ! la Révélation n'arriva point. Dieu ne descendit point de son monde secrètement envié du troupeau égaré, pour nous prêcher la bonne parole et instaurer son royaume. Au fond, peut-être que le monde a échappé à Dieu, qui a préféré s'aveugler plutôt que de voir ça, plutôt que de voir son impuissance. Ainsi, il a préféré se détourner du monde, vit replié sur lui-même, et peut-être est-ce mieux pour lui... Voltaire avait vu juste, en somme l'horloger n'arrive plus à remettre ses pendules à l'heure. Et à présent, nous sommes libres, libres de semer le chaos, libres d'être Bêtes et d'assumer notre con-formisme absolu, et de renier le soi-disant anti-con-formisme fédérateur et fanatique de Dieu.
Ne recevrons-nous donc jamais le bottage de postérieur ultime des pieds de Dieu, là-haut, au sommet des Escaliers ?

Albrecht Dürer, Le Jugement dernier (je l'ai enfin retrouvée, c'était celle-là que je cherchais ! Et donc ici et là pour un aperçu des gravures apocalyptiques de Dürer.)